Qu’est-ce que la Chine nous cache?

La première victime d’une guerre, c’est toujours la vérité.

Et nous sommes en guerre contre le virus. En tout cas, tous les chefs d’états se considèrent en guerre contre le virus et savent que le monde entier les regarde et les juge. Qui fait bien, qui fait moins bien?

Les dirigeants des grandes puissances voient dans la lutte contre la Covid l’opportunité de démontrer toute la ferveur de leur peuple. Comme ils utilisent les Jeux Olympiques pour faire l’étalage de leur puissance.

Ce qui m’amène à la Chine. Les Chinois ont été les premiers touchés et ils semblent avoir vaincu l’épidémie. Avec une main de fer, mais certes pas dans un gant de velours. Mais est-ce qu’ils ont vraiment fait preuve de transparence à propos du virus? J’avertis d’avance ceux qui s’attendent à des théories de conspiration, ou qui croient que je vais annoncer que le virus a été créé dans un laboratoire de Wuhan devraient arrêter de lire ici, au risque d’être fort déçus. J’avance plutôt que les autorités chinoises mentent et manipulent le message depuis le début. Ils ont fait ça en 4 phases.

PHASE 1: Tenter d’étouffer l’affaire.

Il faut remonter au tout début de la crise pour comprendre à quel point la Chine manipule les infos. Les autorités gouvernementales ont recensé les premiers cas le 17 novembre, soit près d’une cinquantaine de jours avant d’alerter l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le 31 décembre. Il est probable que les autorités n’aient pas reconnu une nouvelle forme de virus dès le premier cas d’infection une nouvelle forme de virus; cependant, les rapports préliminaires indiquent clairement que le gouvernement a tenté de tuer dans l’oeuf les premières théories sur l’origine du SARS-CoV-2.

Quand les médecins ont commencé à rapporter un nouveau coronavirus, la première réaction des dirigeants chinois a été de faire taire les lanceurs d’alerte, tel le docteur Li Wenliang, qui est devenu le symbole de cette crise, et de la suppression de la liberté d’expression.

Pourquoi est-ce qu’un gouvernement autoritaire communiste tenterait d’étouffer l’éclosion d’une possible épidémie mortelle? La meilleure analogie que je peux amener comme élément de réponse me vient d’un roman que je recommande fortement: Enfant 44. Le roman, basé sur les meurtres du boucher de Rostov, un tueur en série, raconte l’histoire d’un policier qui doit faire la lumière sur la mort d’un jeune garçon en Russie soviétique. Les parents de l’enfant croient à un assassinat, mais le policier réfute ses allégations car l’état soviétique a éliminé le crime, ou du moins le croit-il. Il n’y a pas de crime au paradis. Dans la même logique, les dirigeants chinois acceptaient mal, au départ, que dans leur paradis communiste les citoyens puissent mourir d’un vulgaire virus provenant d’un animal. Ca ne cadrait tout simplement pas avec l’image que veut la Chine veut projeter. C’est pourquoi ils ont tenté de faire taire les dissidents.

Mais les lanceurs d’alerte ont commencé à diffuser leur message sur les réseaux sociaux. Le génie étant sorti de la bouteille, il fallait passer à une autre approche.

PHASE 2: Minimiser l’affaire.

Après que les lanceurs d’alerte aient commencé à diffuser leur message sur les réseaux sociaux, la Chine n’avait plus d’autre choix que d’alerter l’OMS. Les premiers rapports se voulaient rassurants, faisant état de symptômes s’apparent à ceux de la grippe. Qui va s’inquiéter d’un autre virus de la grippe? On est tous passés par là, n’est-ce pas? A entendre le parti communiste chinois, la majorité des gens s’en tirait sans problème. Les dirigeant chinois ont simplement « omis » de mentionner les nombreux patients sur respirateurs, les mystérieux caillots de sang, les embolies pulmonaires, les dommages au système nerveux, la maladie de Kawasaki chez certains enfants, et toutes les autres complications que l’on découvre peu à peu.

Mais le message rassurant de la Chine mais ne cadrait absolument pas avec l’imposition d’une quarantaine des plus stricts: ils ont littéralement empêché tout mouvement dans une ville de 11 millions de personnes, une décision sans précédent dans l’histoire des épidémies. Tout ça pour une simple grippe? Il était clair à ce moment-là qu’il y avait anguille sous roche et que la Chine tentait, dans ses messages, de minimiser les dommages réels causés par le virus. C’est seulement quand le régime ne pouvait plus cacher la gravité de la situation qu’il est entré dans une nouvelle phase.

PHASE 3: En mettre plein la vue.

L’image de Xi Jinping a été passablement amochée dans les premières semaines, mais il était déterminé à sortir plus fort de cette crise. J’ai écrit il y a quelques jours sur comment il ne faut jamais gaspiller une bonne crise. C’est en plein ce qu’a fait Xi. Quand le monde entier a eu les yeux tournés vers son pays, il a saisi l’opportunité pour nous en mettre plein la vue.

Les Chinois ont fait savoir au monde entier qu’ils pouvaient construire des hôpitaux en 10 jours (faut le voir ici). Ils ont élevé l’épidémie au rang de crise nationale. Après la mort du lanceur d’alerte Li Wenliang des suites de la Covid, et après avoir vainement tenté de faire taire la grogne, ils ont eu le culot de lui décerner le titre de « martyr », le plus grand honneur que puisse recevoir un citoyen, mort pour la cause du peuple.

Ils nous ont montré comment ils ont sorti les drones, comment ils ont utilisé les technologies de reconnaissance faciale omniprésentes pour contrôler la population. Ils ont fait l’étalage de leur technologie de pointe pour freiner la contagion mais aussi pour nous montrer ce dont ils sont capables, de la même façon qu’ils avaient utilisé les jeux de Beijing pour nous impressionner. Ils ont aussi ri sous leur masque, comprenant très bien que certains de nos dirigeants enviaient leur pouvoir, tout en sachant très bien qu’ils ne pourraient jamais mettre de telles mesures en place dans les démocraties occidentales.

PHASE 4: Exporter leur savoir-faire.

Après avoir fait l’étalage de leur prétendue réussite, les dirigeants chinois, magnanimes, se sont mis à exporter « leur savoir-faire » en Italie, en Espagne, dans tous les pays aux prises avec le virus. Les Russes, qui utilisent le même playbook, ont emboîté le pas et dépêché un avion rempli de fourniture médicale à New York. Un président américain qui comprend un tant soit peu la géopolitique aurait fermement refusé, mais ce n’est pas le cas du présent occupant de la Maison-Blanche. L’envoi de matériel médical est un prétexte utilisé par Poutine et Xi pour avancer leur pion sur l’échiquier; Trump dans toute sa déférence aux hommes puissants accepte bêtement sans comprendre qu’il vient de se faire jouer complètement.

La Chine exporte son savoir-faire à d’autres pays, prétendant avoir enrayé l’épidémie à Wuhan, alors que des images d’empilement d’urne funéraires dans la province viennent sérieusement mettre en doute les données « officielles » sur le nombre de morts.

J’allais presque oublier de mentionner que les hautes instances chinoises, dans un bras de fer risible avec Trump et son « Chinese virus« , ont aussi tenté de blâmer l’origine du virus sur les soldats américains.

Puis, aujourd’hui, les autorités chinoises refusent la tenue d’une enquête indépendante sur l’origine de la pandémie.

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Beaucoup de nos connaissances sur le virus proviennent des Chinois, et nos dirigeants se basent présentement sur ces données pour établir les politiques de déconfinement. Peut-on vraiment se fier aux informations que la Chine donne sur le coronavirus? Poser la question, c’est y répondre.

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