Avant de quitter pour la Gaspésie dimanche dernier j’ai écrit un post un tantinet naïf sur la fébrilité qui m’habitait à l’idée de revivre un Noël tel que je les ai connus dans mon enfance. Entre deux chargements de valises, je me suis assis à l’ordi et j’ai pris un gros trois minutes pour écrire que j’avais hâte de passer mes journées à jouer aux cartes, manger, prendre des shots de gin avec les « mononcles », aller glisser; en gros « déconnecter » du monde stressant dans lequel on évolue. Je trouvais que c’était mignon et, pour me le prouver, mon post est un peu devenu « viral » – dans mes statistiques à moi, on s’entend! Plusieurs de mes amis m’ont dit que ça leur rappelait aussi leurs Noëls d’antan.
C’est donc le coeur plein d’allégresse que je suis arrivé dans ce village que je décrivais – de façon caricaturale – comme vivant trente ans en arrière, n’ayant que deux rues, à peine quelques voitures, et quasiment pas d’internet ni de télévision…
Laissez-moi vous dire que les tantes du village m’attendaient de pied ferme et que j’ai reçu une volée de bois vert… On m’a rappelé, sur un ton gentil, mais très ferme, qu’il y avait dans le village: des télévisions, plus que deux rues, ben des voitures, et, ce qui semble le plus avoir choqué mes tantes, que le village était desservi par – tenez-vous bien – de la fibre optique à très haute vitesse! Si je l’avais demandé, je suis convaincu qu’on m’aurait donné toutes les stats sur le débit montant, le débit descendant, et peut-être même la latence (ping).
Curieusement, personne ne m’a dit spécifiquement que le village ne vivait pas 30 ans en arrière, mais j’assume que ça a été ce qui a le plus affecté mes tantes.
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Dans mon métier, je suis en quelque sorte un spécialiste de la communication: je produis des rapports, écrits et verbaux, afin de simplifier des enjeux complexes pour aider les décideurs à prendre la bonne stratégie. Je suis très conscient qu’en communication il y a un émetteur, un récepteur et un message, mais aussi un canal, un codage/décodage, une intention, etc. Devant la réaction viscérale face à ce post qui se voulait sympathique, je me suis vraiment demandé si je n’avais pas manqué le bateau. J’ai donc « collé » mon post dans mon fidèle ami ChatGPT et je lui ai demandé ce qu’il en pensait. Toujours gentil, Chat a dit que ma « description est magnifique et empreinte d’une nostalgie chaleureuse, celle qui donne envie de partager un moment simple, authentique et sincère ». Ca m’a évidemment rassuré.
J’ai poussé la note jusqu’à demander à Chat des questions spécifiques comme « est-ce que l’auteur insinue que les villageois sont incultes et vivent dans une région reculée? », mais aussi « est-ce que l’auteur exagère? ». Chat m’a répondu que « non, l’auteur ne semblait pas insinuer que les villageois sont incultes. Au contraire, il semble valoriser le cadre de vie simple et authentique de ce village » et que « oui, l’auteur utilise une certaine exagération, mais elle semble intentionnelle et stylistique, servant à renforcer l’atmosphère nostalgique et pittoresque de son récit ». Chat m’a même dit que l’auteur utilisait une figure de style appelée hyperbole « pour renforcer le contraste entre le mode de vie simple et chaleureux du village et celui plus moderne et connecté de la vie quotidienne, afin de transmettre la nostalgie et l’attachement à ces moments précieux ».
Bien que rassuré par ChatGPT, je sais que mon message a quand même piqué au vif certaines de mes tantes, qui sont à juste titre très fières de leur village. Je tiens donc à leur dire: Mea Culpa, Mea Culpa, Mea Maxima Culpa. St-Alexis de Matapédia, car c’est le village dont il s’agit, représente pour moi ce qu’il y a eu de plus beau dans mon enfance. Je ne suis pas natif d’ici, je suis en fait de la Côte-Nord, mais mes deux parents étaient professeurs alors nous avons passé tous nos étés, et bien des Noëls, dans le chalet familial, dans ce village où ma mère est née dans une famille de 14 ans. St-Alexis, ça a toujours représenté pour moi les vacances, la musique (à peu près tout le monde joue d’un instrument), les repas en famille, les jeux de cartes, les activités en clan. En gros, St-Alexis représente l’essence des vraies vacances : des instants de joie simple et authentique, loin des préoccupations du quotidien. C’est ce que je tentais d’exprimer, de façon un peu maladroite…
Mes enfants, même les plus grands, ont adoré les trois jours passés ici. St-Alexis évoque aussi pour eux ces moments de pur bonheur, de déconnexion totale avec le quotidien, et de reconnexion avec ce qui compte vraiment : la famille, la simplicité, et la joie partagée. Vivement aux prochaines vacances dans ce beau village sur les plateaux.