Les lutins coquins

Chez nous, on entretient la magie de Noël. Ma fille de 8 ans croit fermement au Père Noël, au Pôle Nord, aux rennes et surtout aux lutins coquins, ces incorrigibles joueurs de tours.

On doit être rendus à 6 ou 7 de ces lutins, car ils semblent se multiplier avec les années. Chaque nuit, la lourde responsabilité d’activer les lutins revient à mon épouse ou à moi. Parfois, on est inspirés, et les lutins espiègles vont dérouler du papier de toilette à travers toute une pièce ou bien créer une scène complète avec des objets savamment agencés. Plus souvent, et surtout lorsque c’est moi, papa lutin, on va juste les éparpiller un peu de façon aléatoire avant de monter se coucher. L’important, c’est surtout de ne pas oublier de déplacer les lutins!

Chaque matin, Adélie est très excitée d’aller voir ce que les lutins ont fait durant la nuit, car ces êtres magiques ne sont pas actifs le jour. S’il n’y a personne de levé, Adélie vient me chercher pour descendre avec elle au rez-de-chaussée. Elle ne veut pas l’admettre, mais les lutins lui font un peu peur. Elle a surtout peur de tomber sur un lutin qui bouge encore! J’avoue que moi aussi, ça me traumatiserait…

Adélie trouve toujours un thème dans l’arrangement des lutins. Une nuit où j’avais oublié de bouger les lutins, je me suis levé et, sans aucune inspiration, j’ai mis 2-3 lutins autour de la machine à café, deux autres sur un haut-parleur et le dernier au piano. « Papa, papa, ils voulaient se réveiller! » qu’elle me lance. Ben oui, je n’y avais pas pensé! Ils ont bu du café et joué de la musique à tue-tête parce qu’ils voulaient se réveiller… Ils sont assez futés, ces lutins!

L’autre jour, Adélie m’a dit que certaines de ses amies ne croient pas au Père Noël. Elle me dit ça en me fixant de ses grands yeux, guettant la moindre de mes réactions. Je sais ce qu’une affirmation comme ça sous-entend : Adélie est mon 4e enfant… La question sous-jacente est : « Est-ce que tout ça est VRAI? ». Je lui réponds en gros que c’est dommage — on ne veut quand même pas mentir de façon éhontée à ses enfants! — et je lui demande si elle, elle y croit. « Bien sûr! » qu’elle me répond, en me lançant un de ces regards qui signifie : « Es-tu tombé sur la tête!!? ».

Quand notre premier enfant était tout petit, c’était moi qui faisais le Père Noël. Je me souviens qu’une année, il devait avoir 6-7 ans, il était assis sur mes genoux et me fixait très intensément, au point où j’en suis devenu rouge. Je n’osais plus parler, car je crois qu’il aurait tiré sur ma fausse barbe. Je n’ai plus joué le Père Noël pour lui par la suite! Une autre année, mon deuxième garçon est descendu des genoux du Père Noël et a crié très très fort : « Papa, papa, le Père Noël ressemble à ton frère!! ». Puis, après une pause, il a ajouté : « Mais c’est CERTAIN que ce n’est pas lui! ». Ouf, la magie a encore fonctionné…

Noël, c’est un moment magique. Mes ados entretiennent la magie pour leur petite sœur, ils perpétuent cette tradition centenaire, en activant les lutins où en lui racontant comment le Père Noël leur apportait les cadeaux. Un jour ou l’autre, les enfants finissent toujours par voir les ficelles derrière notre jeu, mais d’aucuns ne s’en formalisent. Ils comprennent que l’on fait tout ça pour eux, qu’on leur offre un peu de magie dans un monde où on en a bien besoin.

Joyeuses fêtes et heureuse année 2025!