Ces pères alpha…

On a beaucoup dénoncé au Québec ces derniers mois la masculinité toxique, ces fameux mâles alpha – et avec raison. Ces hommes musclés, presque toujours barbus (parce que le poil est viril?), qui parlent avec assurance et disent traiter leur épouse comme une princesse. Le contrat tacite qu’ils ont avec leur « princesse » est qu’ils vont être les pourvoyeurs et protecteurs, mais ce qu’ils omettent de dire c’est qu’en petits caractères au bas du contrat il est écrit: « sois belle, tais-toi, fais la vaisselle, une pipe de temps en temps, et surtout admire comment je domine ce monde, toi en premier ».

Je ne veux pas revenir sur ces mâles alpha, ce sont des imbéciles de première et je crois qu’ils sont perçus ainsi par une majorité de la population. Je veux ici parler des « pères alpha » qui ont engendré d’une « princesse ». J’ai vu passer la photo plus bas sur Facebook et ces « règles » m’ont laissé pour le moins perplexe.

De un, comme père d’une adolescente de 16 ans, je dois admettre que je suis plutôt en accord avec 3 de ces règles:

  • Trouve-toi un emploi
  • Si tu me mens, je vais le savoir
  • Tu la blesses, je te blesse

Je sais, c’est outrageux de penser ainsi, on ne doit JAMAIS se suppléer à la justice, mais si quelqu’un faisait du mal à un de mes enfants, garçon ou fille, j’aurais « ben d’la misère » à être convaincu d’appeler la police plutôt que d’aller lui régler son cas moi-même. Ce n’est certes pas éthique, ni légal, mais bien des pères pensent comme ça.

Le problème que j’ai avec ces règles, c’est l’idée que les pères « possèdent » leur fille, comme ils possèdent leur femme, la grosse maison, le gros char. Oui, c’est ta princesse quand elle est enfant, mais ça se termine quand elle a l’âge de fréquenter les garçons. Ce n’est pas ta propriété.

Ce qui me chicote aussi c’est le « comprends que je ne t’aime pas« . J’ai lu dans les commentaires que certains pères, j’assume américains, poussent la note jusqu’à nettoyer leur arme quand un copain vient à la maison… Pourquoi voir un copain comme de facto un ennemi? Vous ne voulez pas que votre fille trouve un bon parti? Si mon adolescente amène un gars à la maison, je ne le regarde pas comme s’il empiétait sur mon territoire. Il n’a pas une prise contre lui, comme on dirait au baseball. Oui, je vais le juger, mais en anglais on dirait « he starts with a clean slate.« 

Ceci dit, je comprends l’humour derrière ces règles (I don’t mind going back to jail), mais je trouve que c’est une façon malsaine de percevoir son rôle de père.

***

J’écris ceci parce que j’ai été inspiré par une histoire récente. Mon gars de 18 ans sort avec une fille depuis quelques mois et les parents de sa copine nous ont invités pour le réveillon du jour de l’an. On les avait croisés à quelques reprises seulement dans le passé: ils sont très sympathiques.

Au Réveillon on a jasé avec eux et j’ai été émerveillé de voir à quel point ils ont en quelque sorte « adopté » notre fils. Je pouvais sentir qu’ils l’apprécient beaucoup. Ils m’ont même fait découvrir des qualités que je ne voyais pas nécessairement chez mon garçon. Je ne dis pas ça pour mettre mon fils sur un piédestal, mais pour illustrer que les pères ne pensent pas tous que le copain de leur fille est foncièrement une mauvaise personne. J’avais moi-même été accueilli à bras ouverts par mon (futur) beau-père.

J’ai vu un autre post sur Facebook que j’apprécie beaucoup plus, le voici plus bas. Je crois que c’est plutôt comme ça qu’on doit penser comme père 😉

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