L’erreur de stratégie des démocrates

La stratégie des démocrates suite au débat catastrophique de jeudi dernier semble miser sur les quelques aspects suivants:

1 – Prétendre que ce n’était qu’une mauvaise soirée pour Biden (comparativement à ses 3,5 années à la présidence).

2 – Garder le support des donateurs, grands comme petits.

3 – S’assurer que les gens qui supportaient déjà Biden vont continuer à le supporter.

4 – Mettre en lumière le fait que Trump a menti toute la soirée.

C’est assez mince comme stratégie. Analysons chacun de ces facteurs plus en détails.

1 – Ce n’était qu’une mauvaise soirée. Cet argument ne passe pas le test de la réalité pour les 50 millions de téléspectateurs. Quand on pense à une mauvaise soirée de débat, on pense à Obama vs Romney en 2012: il avait été peu combattif, il semblait prendre sa victoire pour acquise et il n’avait pas atteint les attentes de sa base. Biden a eu plus qu’une mauvais soirée ou quelques « senior moments« : pendant 90 minutes il a laissé les spectateurs complètement estomaqués par son apparence fragile, ses pertes de mémoire, son incohérence et son air totalement perdu quand Trump parlait. En gros, il a justifié toutes les rumeurs disant qu’il est trop vieux pour gouverner. Je déteste faire de l’âgisme, mais le monsieur n’applique pas pour être gérant du McDonalds du quartier, il aspire au poste de dirigeant de la plus grosse puissance mondiale jamais connue. Il doit avoir toute sa vigueur et son acuité mentale et il n’en a pas fait la démonstration lors du débat, tout au contraire.

2 – Garder le support des donateurs. C’est effectivement très important – l’argent est le nerf de la guerre – mais l’argent n’achète pas directement des votes, à moins qu’on vive dans une république de bananes. L’argent sert à financer les campagnes massives de publicité à la télévision comme dans les médias non-traditionnels. Le problème ici c’est qu’aucun argument ne sera aussi fort que les nombreux clips que Biden a gracieusement donnés à ses adversaires le soir du débat. Il a convaincu les indécis qu’il n’offre pas une alternative crédible à Trump. A ce moment-ci, les démocrates ne peuvent qu’espérer que les indécis vont voter contre Trump, car il est clair qu’ils ne voteront pas pour Biden.

3 – S’assurer que la base démocrate reste fidèle. Encore une fois, c’est très basique comme stratégie, mais ça n’apporte par la victoire – la seule et unique chose qui compte pour le parti. Les sondages d’avant-débat le démontrent: Biden doit aller chercher de nouveaux électeurs s’il veut espérer battre Trump. Se fier uniquement à sa base ne suffira pas.

4 – Mettre en lumière le fait que Trump est un menteur. C’est la plus grande farce de cette stratégie: Les détracteurs comme les supporteurs de Trump savent que l’homme ment comme il respire. Comme le dit la chanson de Meghan Trainor: « I know you lie ’cause your lips are moving« . Rappeler à tous que Trump a menti toute la soirée est un coup d’épée dans l’eau.

Je l’ai écrit plus haut, la seule chose qui compte pour un parti c’est la victoire, et le pouvoir que cette victoire apporte. La question essentielle que les démocrates devraient donc se poser à ce moment-ci est: Est-ce que Biden peut nous apporter la victoire?

Les stratèges démocrates semblent avoir oublié un principe de base: la victoire ne provient pas des dons, des campagnes publicitaires et des éditoriaux favorables: elle provient des urnes. Les électeurs sont les grands oubliés de la stratégie délirante des démocrates. Les électeurs ne croient pas que Biden a les capacités de gouverner, les sondages sont on ne peut plus clairs, depuis bien avant le débat. Peu importe les arguments, peu importe les spin doctors, peu importe même si Biden offre une performance époustouflante lors du prochain débat en septembre: tout le monde a vu qu’il a « des mauvaises journées », un euphémisme pour dire qu’il n’est plus apte pour un autre 4 ans à la présidence. Encore moins quand on sait qu’il aura 86 ans à la fin du prochain mandat!

On ne peut pas demander aux gens de ne pas voir ce qu’ils ont vu, on n’est pas dans l’univers de 1984 de George Orwell. Les démocrates prennent les électeurs pour des valises et il vont en payer le prix le 5 novembre. Ils doivent apporter du sang neuf ou admettre qu’ils s’enlignent vers une défaite.

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