Les résidences pour personnes âgées: pas que des mauvais côtés

Après son quadruple pontage, mon père a dû se résigner à quitter son appartement pour aller vivre en résidence. Je dis bien « se résigner » car le processus n’a pas été facile, il ne voulait pas y aller, oh mais là pas du tout. Il vivait seul depuis quelques années dans un appart à Ste-Foy au 4e étage, sans ascenseur

« Mais papa, comment tu vas faire pour monter les marches?!? »

C’était évident depuis le début, mais ça a été l’argument final.

On a fait des recherches, toute la famille. C’est pas donné les résidences, même celles pour personnes autonomes! On en a visité plusieurs, pour se faire une idée. Pas facile de se faire une idée quand tu es dans la vingtaine (à l’époque)! Qu’est-ce qui lui plairait? Est-ce qu’il y a des salles communes? Comment est la bouffe à la cafétéria? Qu’est-ce qui arrive s’il perd de l’autonomie? Et les résidents, ont-ils l’air heureux?

On en a finalement trouvé une qui nous paraissait bien. On en a fait le tour avec Arthur.

« Jamais je ne vais me mêler avec ces gens-là. »

Ça a été sa première réaction à la fin de la visite. Pas facile pour un homme dans les soixante-dix ans qui vit seul, presque en ermite depuis quelques années.

Arthur a emménagé dans son 3 et demi. Il a repris sa petite vie normale, plutôt reclus, dans son appart. Puis, tranquillement, il s’est remis à s’intéresser aux autres. Autrefois prêtre prédicateur, ancien maire d’une petite ville, il avait une touche particulière avec les gens. Il s’est fait des amis, il s’est même fait une blonde!

Lui qui avait délaissé la religion catholique pendant des années, il a débuté des messes dans la salle commune. Il a fait des conférences pour les résidents, il m’a invité à parler d’histoire, de politique, et les gens venaient et me remerciaient.

Les résidences pour personnes âgées ont mauvaise presse ces jours-ci, parfois pour de bonnes raisons, mais elles n’ont pas que du mauvais. Demeurer seul dans son appartement à se remémorer le passé, ce n’était pas une vie pour mon père. La vie en résidence lui a été très bénéfique.

Il a repris goût à la vie.

***

Arthur nous a quitté en 2004, douze jours très exactement après la naissance de mon premier enfant. Il me manque beaucoup, je pense à lui tous les jours. Merci pour tout, papa.

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