Dickpics. WTF.

Il y a des comportements que je m’explique mal, comme:

  • Voter pour un milliardaire narcissique qui se fout éperdument de l’avenir de son pays.
  • Refuser de porter un masque sous prétexte que ça restreint sa libarté.
  • Envoyer des photos de sa queue.

Dans la foulée du mouvement #AgressionNonDénoncée » on a beaucoup entendu parler du harcèlement en ligne et par le fait même des envois de photos de pénis. Le phénomène est assez prévalent pour qu’on ait inventé un néologisme pour le décrire: dickpic, un diminutif de dick-picture, littéralement pénis-image.

Qui dit dickpic dit aussi, plus souvent qu’autrement, photo non-sollicitée.

Envoyer une photo non-sollicitée, c’est faire un Eric Salvail de soi-même dans le monde virtuel. On parle d’un sérieux problème d’indécence ici, voire de criminalité.

Même sollicitée, la transmission par voie électronique d’un cliché de ses parties intimes me semble un choix peu judicieux. On parle ici de parties intimes, ou de parties privées. Les deux adjectifs ont leur importance: elles indiquent que ce ne sont pas des parties publiques et qu’elles devraient seulement être partagées dans l’intimité. Ça ne pourrait être plus clair.

L’envoi de dickpics n’est pas seulement l’affaires de « mononcles », les jeunes garçons partagent aussi leur appareil reproducteur. Les statistiques démontrent que plus de 50% des millenials américaines ont reçu des dickpics non-sollicitées. Et la très grande majorité d’entre elles disent que ce n’est pas ni sexy ni excitant. Plus souvent qu’autrement, elles trouvent ça gross et elles se demandent pourquoi elles doivent recevoir ça. Qu’on se le dise.

Est-ce qu’on enseigne encore aux jeunes que tout ce qui est partagé électroniquement, même entre partenaires consentants, peut refaire surface un jour?

Mais, au départ, pourquoi donc envoyer une photo de son pénis?

Messieurs, vous êtes-vous regardés attentivement en bas de l’abdomen? On s’entend pour dire que ce qui pend là n’est pas l’appendice le plus esthétique du corps humain. Flasque, il est risible. En érection, il a un peu plus de style, c’est vrai. Mais ça ne constitue pour autant l’apothéose du design anatomique – comme les yeux peuvent l’être, par exemple.

De point de vue de l’esthétisme, un pénis ne vaut guère mieux que… nos oreilles, tiens. Pris en isolation, ce n’est pas vraiment beau, une oreille. C’est drôlement fait. La fonction utilitaire de sa composition – ces espèces de plis concentriques qui permettent de capter les ondes et les acheminer vers le tympan – prend nettement le dessus sur le côté esthétique. On ne peut pas dire que, dans sa morphologie, l’anatomie d’une oreille joint l’utile à l’agréable.

Il en est de même pour un pénis.

C’est certes fort utile, un pénis. Ça peut procurer un grand plaisir à son propriétaire, comme à sa partenaire, mais ce n’est pas en soi un objet d’art qui mérite une surexposition.

De même pour une vulve, oserais-je dire. Ce qui expliquerait en partie pourquoi on n’entend pas parler de vulvapic. Mais c’est surtout parce que les femmes sont plus avisées que les hommes, et qu’elles réfléchissent généralement plus avant d’agir.

***

Une amie me racontait l’anecdote suivante. Soudainement redevenue célibataire, elle s’était créé un profil sur Tinder. Elle échangeait depuis un certain temps avec un gars qui lui plaisait, tout allait bien. La suite va comme suit:

  • Elle: Qu’est-ce que tu fais ce soir?
  • Lui: Je viens de m’ouvrir une bonne bouteille de bière québécoise, une bière artisanale. Je relaxe, tranquille.
  • Elle: Ah oui? Je me cherchais justement une bonne bouteille.
  • Lui: Super, je t’envoie une photo. Attends une minute.

Et le gars envoie une photo de sa bouteille. Avec son pénis en toile de fond.

  • Elle: <Long silence…>
  • Elle (toujours): Dude, WHAT THE FUCK?
  • Lui: Ben quoi!?

Il ne comprenait pas! Il ne comprenait pas qu’elle puisse être fâchée! Dans sa logique du gars dont le cerveau vient de descendre entre les jambes, il pensait qu’il venait de frapper un coup sûr et qu’il allait passer au premier but!

Dude: T’as swingné dans l’beurre (pour continuer dans l’analogie du baseball)! T’as été retiré au marbre!!

***

Pourquoi, donc, est-ce que certains hommes persistent à envoyer des photos de leurs parties intimes?

Je peux comprendre qu’on ait envie de faire l’étalage de ses pectoraux, de son six pack, de ses mollets bien galbés, à la limite, mais un gros plan de son phallus? Quel est l’effet escompté, au juste? En admettant que l’expéditeur est bien intentionné, c’est-à-dire qu’il n’est ni phallocrate, ni machiste ni misogyne, ça ne peut être qu’une forme de narcissisme. Ou d’exhibitionnisme. Ou tout simplement de l’insouciance. J’imagine.

Personne n’a appris la leçon après l’histoire très médiatisée du politicien Anthony Weiner?

Le gars aspire à devenir maire de New York et il ne peut s’empêcher de texter ou de tweeter des photos de ses parties intimes. De surcroît, il a un nom de famille qui forme, à deux lettres près, l’anagramme d’une saucisse. Personne ne lui a dit que, de tous les hommes qui envoient des dickpics, il risque fort de se faire ridiculiser plus que les autres?? Ça ne s’invente pas comme histoire.

Dire qu’il aspirait à diriger la plus grande ville d’Amérique. En terme de jugeote, on a déjà vu mieux.

Apprendre de ses erreurs, c’est bien. Mais apprendre des erreurs des autres, c’est encore mieux. Je ne sais pas pour vous, mais moi je vais apprendre à mes gars à ne pas faire des Weiners d’eux-mêmes…

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