Une année folle autour du monde

Il y a 10 ans, jour pour jour, nous quittions pour une année de backpacking autour du monde. Avec nos enfants alors âgés de 10, 8 et 6 ans, nous avons visité 21 pays sur 4 continents. Avec une décennie de recul, voici quelques réflexions sur cette aventure.

Toute la famille dans une maison de hobbit en Nouvelle-Zélande

Ça a été une année folle, non seulement pour tout ce qui concerne le voyage mais aussi pour ce que ça impliquait: quitter nos emplois, sortir nos enfants de l’école, leur faire l’école, louer notre maison, entreposer nos meubles, préparer les bagages, et tout le tralala. On pourrait croire que ça a demandé des années de préparation, mais on a tout fait ça en moins de 6 mois… si on ne compte pas toutes les années avant où on a réfléchi au projet, évidemment!

En terme d’itinéraire, la première question qui se posait était: allons-nous partir vers l’est ou vers l’ouest? On voulait vraiment suivre l’été alors on a débuté par l’Amérique latine, puis on s’est dirigé vers l’ouest. On a opté pour l’Océanie (Polynésie française, Nouvelle-Zélande et Australie), puis on a fait le tour de l’Asie du sud-est, et on a terminé notre périple en Europe (Turquie et Grèce, puis Europe de l’ouest) où on a eu la chance de revoir bien des amis.

On a vécu de superbes aventures. Dès notre retour, on a établi un top 10 de nos destinations préférées: la croisière aux Galapagos (clairement l’expérience numéro 1 pour tous), l’exploration de l’Amazonie, la rencontre avec des poissons et des animaux exotiques, la découverte de mets exotiques, et j’en passe. C’est fou tout ce qu’on a pu voir et vivre en 365 jours sur la route.

Avec notre bateau de croisière en arrière-plan, aux Galapagos

La vie sur la route n’a pas toujours été facile – on s’est fait voler caméra, portable et tablette, entre autres – mais jamais on n’a souhaité rentrer à la maison avant la date prévue de retour. Faire un tour du tour du monde était un rêve que l’on chérissait depuis longtemps, mon épouse et moi. Le faire avec des enfants était encore plus enrichissant, car les enfants font d’excellents ambassadeurs pour entrer en contact avec les populations locales. C’était certes un défi supplémentaire, mais on avait le sentiment de leur faire vivre une expérience exceptionnelle, de leur faire voir la beauté et la diversité du monde, de les mettre en contact avec des cultures différentes de la nôtre et d’ouvrir leurs horizons.

A l’époque les enfants ne réalisaient pas vraiment l’opportunité que le voyage leur apportait; à la limite, étant donné leur jeune âge, ils croyaient que c’était une expérience plutôt normale. C’est seulement quelques semaines après le retour qu’un de mes enfants m’a dit, d’un air ébahi: « Papa, il y a beaucoup d’amis dans ma classe qui ne sont jamais sortis du Québec. » Il avait l’air tout déboussolé, comme s’il venait de réaliser que de visiter autant de pays en un an, c’est plutôt hors du commun.

Qu’est-ce que le voyage nous a appris? Il nous a appris à reconnaître et à apprécier les différences. On vit tous sur la même planète mais pas dans les mêmes conditions. C’est la diversité culturelle qui enrichit notre expérience collective. Nous avons aussi réalisé à quel point nous sommes choyés de vivre dans un pays libre et riche, dans une société tolérante et égalitaire où les questions religieuses ne mènent pas à des affrontements violents. Nous vivons dans des villes cosmopolites, propres et sécuritaires, sur un vaste territoire où la nature profonde n’est jamais plus qu’à quelques kilomètres. On prend tout cela pour acquis mais ce n’est pas peu rien.

Corinne et les enfants accroupis auprès d’une rafflesia, la plus grosse fleur au monde, en Malaisie

En privilégiant les auberges de jeunesse on a fait des rencontres extraordinaires, avec des boomers backpackers, quelques autres familles globe-trotteuses (très peu), mais aussi avec des jeunes en sabbatique, de tous les pays, qui décident de prendre une pause de leurs études ou leur travail pour aller voir comment ça se passe ailleurs.

Nous n’avons pas du tout voyagé dans le luxe, loin de là, mais c’est tout de même une année qui nous a coûté cher. Nous avons dû faire des sacrifices financiers, des sacrifices de carrière aussi, afin de nous permettre cette aventure.

Est-ce qu’on le referait? C’est la question qui nous est posée le plus souvent, et la réponse est un Oui retentissant! Oui, oui et oui, c’est la meilleure décision qu’on ait prise. Elle n’a pas été facile à prendre, il y avait toutes sortes de bonnes raisons pour ne pas partir (la carrière, les coûts, les craintes, les risques, etc.). C’est pourquoi je dis à ceux qui rêvent, quel que soit leur but: fixez-vous une date réaliste dans l’avenir, engagez-vous à fond dans votre projet et dites à tout votre entourage ce que vous comptez faire, comme ça vous risquez moins de revenir en arrière. Certaines folies valent la peine d’être vécues.

Devant les temples d’Angkor, au Cambodge

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