Les Américains ont déjà élu Trump une première fois; s’ils le ré-élisent, plus aucun des électeurs ne peut prétendre qu’ils ne savaient pas à quoi s’attendre.
Hier soir, on savait à quoi s’attendre de Trump: des mensonges, des exagérations scandaleuses, des attaques personnelles, mais aucun plan concret si ce n’est que, selon lui, sa simple présence va changer la dynamique à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. L’espoir n’est pas une stratégie, comme le veut le dicton.
Hier soir donc, tous les yeux étaient rivés sur celui que Trump appelle depuis longtemps « Sleepy Joe ». Biden est-il vraiment aussi peu énergique que les Républicains le prétendent? Ses facultés mentales sont-elles réellement affaiblies? Trump n’a aucunement eu besoin d’insister sur ce point, Biden s’est planté à la face du monde. Il a eu l’air perdu, il a bafouillé, il avait une voix faible, il bredouillait, bref, il avait l’air tout simplement sénile. C’était pénible à regarder, pour ses détracteurs aussi bien que ses supporteurs.
En 2016, je ne pouvais concevoir qu’une personne sensée vote pour Trump, et pourtant il a été favori à Hilary Clinton qui a offert, malgré toutes ses faiblesses, une vision et, somme toute, un bon combat. Hier, Biden a tenté d’offrir une vision mais tout ce qu’il a réussi à présenter c’est l’image d’un homme aux facultés intellectuelles diminuées et souffrant de troubles de mémoire — en plein de ce dont les Républicains l’accusent depuis belle lurette.
40 pour cent des Américains vont voter pour Trump, peu importe ce qu’il dit et ce qu’il fait. Il y a longtemps que j’ai arrêté d’essayer de comprendre ce que ces Américains pouvaient bien trouver à Trump; c’est tout simplement au-delà de mes compétences. Un milliardaire qui prétend défendre la cause des démunis, un être arrogant et abject qui simplifie tout problème à l’extrême, qui n’a aucune nuance dans sa pensée et ses propos, c’est selon moi une aberration mais il faut croire que près de la moitié des Américains trouvent que ça fait un bon commandant en chef. Allez comprendre.
En 2016, je disais à la blague que je voterais pour une plante verte plutôt que de voter pour Trump. Huit ans plus tard, sans vouloir rabaisser le président à une simple plante verte, c’est un peu le scénario qui se produit chez nos voisins du Sud. Pour un pays dont l’image de force est centrale au psyché national, voter pour un « faible » n’est pas une option. Les Américains veulent l’image d’un président puissant, à la tête de la plus grande puissance militaire et économique que la terre ait connue. Biden ne représente plus cet idéal — il l’a déjà représenté, cherchez dans les archives et vous découvrirez une grande quantité de discours et de débats où « Joe » est alerte, allumé, bref, combattif. Il ne reste qu’un seul débat – en septembre! – donc Biden ne pourra pas se défaire de cette image avant plusieurs semaines. Et encore là, rien ne garantit que Trump ne va pas le manger tout rond au prochain débat.
S’il tient vraiment à la démocratie et aux idéaux américains, Biden doit laisser sa place à un autre concurrent. Sinon, force est de contacter que les États-Unis, et le reste de la planète, devront endurer un autre quatre ans de Trump, avec tous les dommages irréversibles que personne n’ose imaginer.