C’est quoi le problème d’être woke?

Les Québécois sont assez peu familiers avec le terme « woke », littéralement « éveillé », qui est plus utilisé dans le Canada anglais et chez nos voisins du sud – dans les médias et sur les plateformes conservatrices, du moins.

La signification du terme a beaucoup évolué avec les années. Woke provient de l’argot afro-américain et, à l’origine, faisait référence à une prise de conscience des injustices raciales et sociales, particulièrement celles vécues par les communautés noires aux États-Unis. Le mot a ensuite évolué pour décrire dans son ensemble les personnes sensibilisées aux questions de justice sociale, d’inégalités et de discrimination.

Au fil du temps, le terme woke a été adopté plus largement pour inclure une prise de conscience et un engagement envers divers enjeux sociaux comme le féminisme, les droits LGBTQ+ et les questions environnementales.

Jusque là, il n’y a pas vraiment de problème à se dire woke; au fond, qui peut être contre la vertu? J’aime à penser que je suis woke, c’est-à-dire que je suis sensible aux injustices sociales dans leur ensemble.

Le problème a débuté quand la droite conservatrice (américaine) s’est appropriée le terme. Être woke, de nos jours, c’est être associé à une hypersensibilité, voire à un certain extrémisme vis-à-vis des enjeux sociaux et de la rectitude politique. Être woke, c’est s’offenser pour des peccadilles, c’est être un « snowflake », soit quelqu’un qui est perçu comme trop facilement indigné ou incapable de gérer des points de vue opposés. On accuse aussi les wokes de faire du signalement de vertu, c’est-à-dire qu’ils s’enroulent dans leur cape de vertu pour montrer leur supériorité morale sans vraiment prendre d’engagements concrets.

Être woke, ça peut aussi être perçu comme le fait de privilégier les droits des minorités avant ceux de la masse. C’est, toujours selon les anti-wokes, s’effacer devant ceux qui font partie d’une frange de la société, comme le fait de s’excuser d’être un homme blanc d’âge moyen, par exemple (ce que je suis clairement).

Le wokisme a aussi été fortement associé à la culture du boycott, cette pratique consistant à retirer son soutien ou à critiquer publiquement des individus ou des organisations en réponse à des comportements ou des déclarations jugés offensants, inappropriés ou problématiques.

Tout semble trop woke pour les anti-wokisme. Même les jeux olympiques de Paris semblaient trop wokes au goût de certains. Faire la promotion des drag queens dans la cérémonie d’ouverture, laisser des femmes aux allures d’hommes compétitionner, tout cela semble choquer – profondément – une partie de la droite ultra conservatrice, comme si le monde tel qu’on le connait était à la dérive.

Est-ce que certains wokes font preuve d’abus, s’indignent pour très peu et ont tendance à s’effacer derrière les minorités? Assurément. Est-ce que c’est un réel problème sociétal? Je vous laisse en juger. Il y a toujours un juste retour du balancier après une période d’excès.

Selon ce que j’en comprends, le contraire de woke pourrait être « insensible » ou « indifférent », voire même « réactionnaire ». Personnellement je préfère être perçu comme woke. Et vous?

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