Ouvrir la boîte de Pandore

Les gouvernements savent qu’ils doivent prendre des mesures en vue du déconfinement malgré la progression du virus. On voit clairement des signes un peu partout que les gens en ont assez de rester encabanés. En fin de semaine il a fait particulièrement beau (enfin!) et bien malin celui qui aurait pu dire que la population était en confinement. Les gens se rassemblaient dans les parcs, les files s’étiraient aux services à l’auto, devant les Walmart et les Canadian Tire de ce monde. Pas certain que tout ce beau monde s’était risqué à sortir le nez dehors pour se prévaloir de services essentiels.

Il est là, le risque. La population a écouté quand il fallait respecter un confinement strict, mais maintenant que les balises ne sont plus très clairs, on teste et repousse les limites. Un de mes voisins a même fait un gros party, avec feu de camp en prime.

Je ne crois pas que le problème réside dans les politiques, autant que dans le « message » qui est véhiculé. C’est un peu comme le non-verbal, qui en dit souvent plus que les paroles. Au début de la crise, on sentait l’urgence, on sentait qu’il fallait respecter les consignes pour la sécurité de nos aînés. Aujourd’hui, on ne sait plus trop sur quel pied danser. Le gouvernement encourage les enfants à retourner à l’école; on dit aux gens de moins de 70 ans oeuvrant dans les services essentiels qu’ils doivent retourner au travail. Les règles de distanciation sociale et d’hygiène sont les mêmes, mais on a l’impression que le gouvernement nous dit, en sourdine: « faites attention, mais gâtez-vous un peu quand même. »

J’aime faire des parallèles avec l’histoire et cette situation me fait penser aux politiques de Mikhaïl Gorbatchev peu après son arrivée au pouvoir en URSS. S’il y a un peuple qui s’y connaît en confinement, c’était bien le peuple soviétique, pris derrière un rideau de fer. Quand Gorbatchev est arrivé avec ses fameuses politiques de perestroïka (reconstrution, restructuration) et de glasnot (transparence), ça a été un véritable vent de fraîcheur. Les détails politiques échappaient au commun des mortels, mais le message était limpide: on a été un peu durs avec vous, on va assouplir les conditions. Et il vous est maintenant permis de vous libérer un peu!

Et le message a été entendu fort et clair. La glasnost et la perestroïka ont déclenché de grands mouvements de société qui ont grandement contribué à la chute de l’URSS. Le mouvement de fond a pris de court le dirigeant soviétique. Sans s’en douter, Gorbatchev avait ouvert une boîte de Pandore.

Loin de moi l’idée de dire que le déconfinement est une mauvaise chose, ou que le gouvernement Legault doit mener avec une main de fer! Je crois simplement que le déconfinement doit être basé sur des conditions, et non selon un échéancier économique; il doit aussi se faire en établissant des conditions claires, mesurées – et si possible mesurables – afin d’éviter une perte de contrôle de la situation.

2 réflexions au sujet de “Ouvrir la boîte de Pandore”

  1. Eric, this is a good piece mate. We’re gradually lifting restrictions as a nation on order of our Federal government. As Australia is a federation, the State governments also hold some levers of power which has led to some uneven lifting of restrictions. For example, schools in the Northern Territory and South Australia are open while those in other states are not. We also have border restrictions in some states that prohibit travellers from other states entering. It can be confusing at times but I have to say the Federal and the State governments have been very good in their messaging. We’ve also introduced a tracing app to assist with contract tracing, About one fifth of Australia’s entire population has downloaded the app. We seem to weathering the crisis well at this stage, fewer than 100 deaths from COVID19 so far.

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    • Thanks mate. In our federated system the lifting on restrictions falls mainly on the provinces. Our (provincial) premier, public health officer, and provincial health minister have been holding daily press conferences whose ratings were astronomical. They did a very good job in explaining the needs for the restrictions. But now, since they’ve started lifting restrictions, the message isn’t so clear anymore. There’s a feeling that science has been left behind, and that economic and political pressures are forcing the government’s hand. Our province is the worst affected, yet the first to lift restrictions. It is worrisome, to say the least.
      About the app: I sense people will resist that, which is unfortunate because it would help a lot in contact tracing.

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