Ma crise de la quarantaine (partie 2 – la famille)

Comme ceci est mon deuxième article en deux jours, on peut pratiquement parler d’un journal de la quarantaine!

J’ai reçu beaucoup de messages d’encouragement hier. Un bon ami qui ne m’avait pas contacté depuis belle lurette m’a même écrit en privé : « ça va? »

J’apprécie beaucoup ces contacts. Ça signifie pour moi que l’on se soucie des autres, que l’on se supporte mutuellement. Ça veut dire beaucoup.

Tous ces messages m’ont aussi un peu surpris. Est-ce que mon texte avait un ton dramatique? Je vais bien, rassurez-vous! Comme ex-militaire, ce n’est pas la première fois que je suis Confiné aux Baraques! On a même un acronyme pour ça : CB. On a des acronymes pour tout dans l’armée…

Je vais bien donc, pas de crise de la quarantaine! Et j’aimerais aujourd’hui vous raconter comment les membres de la maisonnée vivent leur isolement.

Mon épouse travaille à l’hôpital de Hull, elle n’est donc pas en congé. Juste à côté de son bureau, la cafétéria a été transformée en centre de dépistage. Je lui ai dit, en blague, qu’elle a plus de risque d’être le vecteur 0 de la Covid-19 dans notre famille…

Elle fait de longues heures, donc. Tout l’hôpital est en mode préparations pour la pandémie. J’admire le travail qu’elle fait, qu’ils font tous.

En tant que bonne ergothérapeute, elle nous a organisé la maison avec des listes. Y a des listes sur toutes les armoires de la cuisine. La routine, les activités à pratiquer, les tâches, des stratégies pour gérer les caprices de la petite. Ceux qui la connaissent ne seront pas surpris. C’est grâce à une organisation comme ça qu’on a réussi à passer une année autour du monde avec 3 enfants!

Nos trois ados, si on les laissait aller, ils seraient branchés sur les écrans 24/7. Et quand je dis « branchés », comprenez-moi bien : par intraveineuse. Ils traînent leurs téléphones comme les patients roulent leur soluté dans les couloirs d’hôpital.

Par contre ils s’occupent bien de la petite. Ils ont chacun leur horaire de gardiennage, et ils suivent l’horaire que maman leur a assignée.

Ils commencent à questionner les raisons de l’isolement. Ils se chicanent un peu. Je remonte de temps en temps à la surface quand je sens qu’ils sont à veille de perdre patience. Mais sinon ils sont assez coopératifs. Pas facile pour un ado d’être enfermé, quand ta vie tourne autour des amis.

Celle qui est le plus heureuse dans cette quarantaine, c’est évidemment la plus jeune. Elle a presque tout son monde, en tout temps! Elle peut demander la télé, des céréales, elle peut demander qu’on joue avec elle. Elle sait que maman a écrit des listes rien que pour elle…

Le chien aussi est heureux. Tous les chiens du quartier, en fait; ils n’ont jamais été autant promenés.

Le chat. Que dire du chat? Il vit sa vie de chat. Tant qu’il y a un humain pour lui ouvrir la porte et pour le nourrir, il est heureux. Si on installait des senseurs pour automatiser l’ouverture de la porte et la distribution de croquettes, il se passerait bien de nous.

Je ne vous ai pas parlé de nos 3 poules. Pour la première fois, elles ne pondent pas leurs 3 œufs quotidiens. Mystère. Étant borderline hypocondriaque – le moindre symptôme chez moi est synonyme de cancer généralisé – je me suis demandé si elles n’avaient pas la grippe aviaire. J’ai, sans blague, fait des recherches pour savoir si les poules pouvaient contracter la covid. Elles ne peuvent pas. Du moins, il n’y a pas d’évidence jusqu’à ce jour.

J’aime à penser que les poules sont affectées moralement, psychologiquement par la crise. Elles sentent que quelque chose d’anormal se passe. Ce sont des êtres sensibles! J’ai lu quelque part qu’une poule peut reconnaître 100 visages.

Voilà qui fait le tour de la maison. Et vous, comment vous vivez ça?

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